
Resplendissement (Can《燦》) (2000), Film transparent, poudre d’or, poudre d’argent, résine, encre. 65 x 43 cm. © Dali Wu
Le 18 juin 2020, j’ai été invitée par le Collège de Médecine Vétérinaire de l’Université Agricole du Hunan, afin de présenter une œuvre d’art lors de leur cérémonie de remise des diplômes. J’ai donc proposé une peinture en techniques mixtes, intitulée Resplendissement (Can《燦》) (2020), pour souhaiter un meilleur avenir à la relation mutuelle entre les animaux et la nature après l’obscurité de la COVID-19. J’ai également créé une paire de calligraphies portant l’inscription « Nous sommes indomptables ensemble à travers les hauts et les bas ». J’ai aussi donné un discours lors de la cérémonie, en vue de présenter mon intention et aspiration :
Une grande partie de mon enfance s’est donc passée à l’hôpital. Ce que j’y ai vu m’a souvent bouleversée, mais cela a fini par nourrir en moi l’empathie et la sensibilité aux quatre afflictions de tous les êtres sensibles : la naissance, le vieillissement, la maladie et la mort. Ma mère m’a toujours appris à rester centrée sur l’humain dans toutes mes entreprises, car c’est ce qu’elle demande également d’elle-même : travailler pour ses semblables, respecter la vie et en être émerveillée.
Cependant, à mes yeux, être vétérinaire est encore plus difficile. Prenons l’anatomie comme exemple. Les médecins généralistes se concentrent uniquement sur le corps humain, alors que les vétérinaires doivent apprendre à connaître de nombreuses espèces différentes. Prenons un exemple concret : le chat. Combien de variétés de chats devons-nous apprendre et comprendre ?
Ainsi, les personnes qui choisissent la médecine vétérinaire et qui aiment les animaux possèdent réellement un cœur angélique : avec des normes morales élevées et une compassion immense dans un environnement où la profession vétérinaire en Chine n’est généralement pas respectée et manque d’attention. Avoir un tel groupe de personnes est une rareté.
Prenons la pandémie de COVID-19 par exemple. En fait, c’est le résultat de l’anthropocentrisme extrême. En ignorant les lois de respect mutuel et de restriction mutuelle dans l’univers, nous avons frénétiquement pillé les ressources naturelles sous l’influence de l’industrialisation accélérée. La conscience moderne basée sur le concept d’individualisme et de non-coopération, a entraîné l’effondrement global de l’humanitarisme.
Du point de vue du bouddhisme, on peut dire que la mauvaise manifestation de notre environnement n’est rien d’autre que le mauvais karma commun de l’humanité. Ce ne sont pas les autres qui promeuvent notre autodestruction, mais bien notre propre attitude non coopérative, ignorant l’émerveillement et le respect envers la mère nature, en ne cherchant que l’expansion et la satisfaction de désirs égoïstes.
De plus, mon aspiration à la coopération entre les individus ne se limite pas aux relations humaines, comme entre les faibles et les forts, mais s’étend également aux interactions entre les humains et les animaux, ainsi qu’entre les humains et la nature. Ils doivent tous prospérer de manière coopérative, dans le respect mutuel, l’amour mutuel et la retenue mutuelle. Si la pandémie peut inciter nous à réfléchir sur notre propre comportement, et à améliorer la relation entre l’humain et la nature, alors cette crise a une certaine signification positive.
C’est pourquoi j’ai créé l’œuvre Resplendissement. Aux yeux des artistes, tout être sensible possède une âme. J’ai peint sur un film transparent avec des aquarelles, de la poudre d’or et d’argent, et de la résine, puis j’ai tenu la pièce avec mes mains au-dessus de la plateforme d’observation du Mont Royal à Montréal. L’épitaphe du grand philosophe Kant, qui dit : « Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’un respect toujours nouveaux et croissants, à mesure que la réflexion s’y attache et s’y applique : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi », m’a également beaucoup inspiré.
Aux yeux de Kant, le bien suprême : une combinaison de moralité et de bonheur, n’est plus destiné au bien-être de l’humanité seule, mais au plus grand bien de tous les êtres et donc du monde. C’est ma vision de ma pratique artistique. Je pense que c’est également le souhait des futurs vétérinaires qui continueront à servir les animaux.


Ci-dessus : Resplendissement (Can《燦》) (2000) photographié sous différents angles et arrière-plans. © Dali Wu


Paire d’affiches calligraphiques portant l’inscription « Nous sommes indomptables ensemble à travers les hauts et les bas ». 265 × 345 cm chacune. Impression numérique. © Dali Wu, 2020.
L'artiste Dali Wu avec Resplendissement (Can《燦》).






Études préparatoires pour Resplendissement (Can《燦》).
Resplendissement considère les relations entre l’humain et le non-humain, représenté ici par la nature et les animaux, tout en soulignant l’importance de réévaluer ces liens à l’ère post-pandémique. En abordant les comportements humains et leurs effets sur l’environnement, ainsi que les conséquences éthiques et les réflexions spirituelles qui en découlent, cette œuvre cherche à offrir une perspective complémentaire en vue de comprendre les dynamiques entre l’humain et le non-humain, permettant aux lecteur·es d'approfondir leur perception de la conscience de soi et de l'existence posthumaine basée sur la collaboration et le respect mutuel entre tous les êtres.

Carte postale commémorative réalisée pour la promotion 2020 de la Faculté de médecine vétérinaire, Université d’agriculture du Hunan. Impression numérique, recto-verso, couleur.
Photos de l’œuvre Resplendissement (Can《燦》), en collection permanente de l’Université d’agriculture du Hunan, ainsi que des affiches calligraphiques présentées lors de la cérémonie de remise des diplômes 2020.


