Dans les discours sur les technologies numériques, les objets numériques (œuvres ou contenus culturels, logiciels, code informatique, données) sont souvent assimilés à des objets « immatériels ». Pourtant, Rosi Braidotti considère que les objets et les technologies numériques — la matière est vue comme ayant une sorte d'agentivité, qui peut s'étendre à la manière dont les technologies numériques, pourtant immatérielles en apparence, sont ancrées dans des infrastructures physiques et des processus biologiques, créant une nouvelle forme de matérialité.  La « matérialité numérique » pour elle, désigne la vitalité relationnelle des agencements sociotechniques : les appareils techniques, en tant qu’« autres » non humains, sont matériels et incorporés ; leur prétendue virtualité est toujours embodied et embedded (Braidotti, 2022; The Virtual as Affirmative Praxis: A Neo-Materialist Approach).
En somme, au sein du dispositif de recherche-création Trans-image, la matérialité numérique est traitée comme co-productrice du sens : l’image n’est pas une représentation neutre, mais un processus matériel — de la chaîne capteurs–calcul–affichage — dont les inscriptions techniques, sous-tendues par des réseaux de pouvoir, façonnent et reconfigurent la visibilité, ainsi que le partage du sens et du sensible.
Dans cette série Trans- (2015), le glitch n’est pas abordé comme une esthétique de la panne, mais comme un protocole de résistance, un acte de défi, et de ré-encodage, destiné à rendre palpable la matérialité numérique des images. Le terme glitch est en soi paradoxal : dans le monde matériel, une « panne » renvoie à une défaillance (manque, rupture), alors que dans le monde numérique, le glitch tient plutôt de l’excès — interférence excessive, débordement.

Trans- I (2015). animation en boucle. © Dali Wu.

Trans- II (2015). animation en boucle. © Dali Wu.

Vue d’ensemble des œuvres sélectionnées de Trans- (2015), MUTATION, exposition collective, CAUE de la Haute-Vienne, France, 2015.

Affiche de l’exposition MUTATION, CAUE de la Haute-Vienne (galerie du CAUE87, Limoges, France), 2015.

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